Justice

RDC : Chute d’un ancien ministre, 3 ans de travaux forcés pour détournement de fonds

L’ancien ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba, a été lourdement condamné ce mardi 2 septembre par la Cour de cassation de Kinshasa pour le détournement de 19 millions de dollars destinés à la construction d’une prison à Kisangani. Une affaire emblématique qui révèle les rouages de la corruption de haut vol et marque un tournant dans la lutte contre l’impunité en République Démocratique du Congo.

La justice congolaise a rendu son verdict après plusieurs semaines d’une procédure judiciaire suivie avec attention par l’opinion publique. Constant Mutamba, reconnu coupable de détournement de fonds, écope de trois ans de travaux forcés. Le jugement, prononcé dans un climat de tension palpable, s’est déroulé sous haute sécurité, l’ancien ministre ayant été convoyé dans un véhicule blindé des FARDC, tandis que certains de ses partisans tentaient de manifester leur soutien.

Outre la peine d’emprisonnement, la Cour a assorti sa décision de sanctions complémentaires sévères : une interdiction de voter et de se porter candidat à toute élection pendant cinq ans après l’exécution de sa peine, une exclusion définitive des fonctions publiques, une privation du droit à la libération conditionnelle et à toute réhabilitation, ainsi que l’obligation de restituer intégralement les 19 millions de dollars détournés.

Les fonds en question provenaient des réparations versées par l’Ouganda à la RDC, suite à la condamnation de ce dernier par la Cour internationale de justice pour son rôle durant la guerre des six jours à Kisangani. Cette somme, destinée à des projets de reconstruction et notamment à l’édification d’une nouvelle prison, a été indûment siphonnée par l’ancien ministre, privant ainsi la population de infrastructures essentielles.

Cette condamnation retentissante sonne comme un avertissement sans équivoque à l’égard des détenteurs du pouvoir tentés par les pratiques frauduleuses. Elle symbolise peut-être l’émergence d’une ère nouvelle où l’impunité n’a plus sa place en RDC. Reste à savoir si ce verdict marquera un tournant décisif vers une justice plus intègre et redonnera confiance aux citoyens en leurs institutions. L’affaire Mutamba restera, en tout état de cause, dans les annales judiciaires congolaises comme le symbole d’une possible renaissance éthique.

Franklin MIGABO

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